L’Appel du 18 juin 1940 au Patrimoine mondial de l’Humanité.
Le 6 juin 1940, le colonel Charles de Gaulle , commandant le 506ème régiment de chars de Metz , vainqueur des allemands à MONTCORNET dans l’Aisne, est promu général de brigade à titre provisoire, rejoignant le nouveau gouvernement Paul Reynaud pour y gérer une situation militaire devenue catastrophique . Il a assumé le commandement par intérim de la 5ème Division blindée…
Nommé sous-secrétaire d’état au Ministère de la guerre, on compte sur lui un peu tard pour redresser la situation grâce à sa théorie de l’utilisation groupée des blindés qui ne seraient plus disséminés en accompagnant l’infanterie, mais un mode de combat autonome et composé de nombreux chars ensemble…S’ il a gagné la bataille de MONTCORNET, cette victoire n’aboutira pas faute d’une stratégie plus large indispensable…
Tout penche donc vers une défaite cuisante. Nous connaissons tous l’exode, les populations en fuite bombardées par les stuckas sirènes hurlantes, les cortèges interminables de prisonniers de guerre persuadés de rejoindre leurs familles après avoir été démobilisés dans un Frontstalag, la débandade généralisée, un pays paralysé…
Le 17 juin, le maréchal Pétain qui a pris le pouvoir en devenant Président du Conseil, soit un Premier Ministre de nos jours, annonce qu’il demande l’armistice aux allemands pour épargner à la France la honte d’une capitulation et ainsi glisser des conditions moins difficiles à vivre pour les Français. Ce sera le cas : la France sera coupée en deux zones principales,( avec une zone interdite et une zone annexée dans l’Est) ,ce qui arrange l’ennemi d’ailleurs de laisser gérer la zone sud par les vaincus, car incapables de fournir assez d’hommes pour le faire eux-mêmes et Hitler veut garder un maximum de soldats disponibles, car il sait qu’il attaquera le géant soviétique… le 18 juin 1941 (Opération Barbarossa);
Le vainqueur de Verdun est persuadé qu’il donne sa personne à la France et sauve la face d’une humiliation grave qu’aurait été une capitulation sans conditions .L’armistice est signé le 22 juin.
Pour le général de brigade, pourtant très lié par son cursus complexe de nombreuses années proche de Philippe Pétain qui fût son premier chef de corps au 33° R.I. À Arras, il est impensable de ne pas poursuivre le combat avec un Empire colonial disponible contenant troupes et matériels dont une Marine encore imposante. Mais initialement, le discours du 18 juin a pour but essentiel de réunir les français se trouvant en Grande-Bretagne ou désireux d’y venir…
De plus, notre Allié britannique est toujours en lutte ( la bataille d’Angleterre perdue de justesse par l’Allemagne), pouvant aider à la poursuite des combats. L’idée de créer une seule nation regroupant la Grande-Bretagne et la France était toute prête , avec une monnaie unique, des ministères communs, etc…Mais a été abandonnée à cause de la lourde défaite de Dunkerque.
La France n’est plus la grande puissance victorieuse de 1918, mais les anglais veulent nous aider à poursuivre le combat. Cela sera tellement vrai que des avions de la RAF portant des croix de Lorraine comme nouveaux insignes de la France, pilotés par des FFL gaullistes, iront bombarder la Ruhr le 21 juillet 1940, prouvant aux nazis qu’une partie de la France est encore en lutte …La presse britannique donnera écho à ce bombardement français que les nazis n’ont pu ignorer. On peut comprendre ainsi pourquoi les nazis exigeront de Vichy que le général de Gaulle soit condamné à mort , car il est une réelle menace pour Berlin.
L’annonce de la fin des combats est prononcée par Pétain le 17 juin sur les ondes de radio françaises. De Gaulle se trouve à Bordeaux, nouveau siège du Gouvernement et décide aussitôt de prendre l’avion avec son aide de camp Geofroy de COURCEL dès l’après-midi pour Londres. Il n’y est pas attendu mais se présente aux autorités dont Winston Churchill, le Premier Ministre.
N’oublions pas que le général a été membre d’un gouvernement français…
Churchill l’autorise à parler à la BBC. Le général se lance alors dans l’écriture de son texte; c’est un pur littéraire, il pèse et soupèse chaque mot, raye, barre, rature, réécrit…Quand on a vu un brouillon de sa main, on a du mal à le relire, et il faut bien connaître son écriture dont les graphologues y trouvent un homme de caractère . Sa secrétaire, Elisabeth de MIRIBEL ,a donc besoin d’un interprète pour taper à la machine ce discours peu lisible. .Ce sera son aide de camp précité qui connaît par coeur la graphie de son chef, qui s’y collera…
Un discours d’Appel adressé aux Français , certes. Mais sous le contrôle du ministre des affaires étrangères anglais, lord Hallifax, qui censure d’un trait de plume le début du texte parlant » du déshonneur par le refus de se battre. « Les Anglais pensent alors pouvoir raccommoder un accord avec Pétain, précaution diplomatique.
Arrivé à la BBC en taxi dont il a du mal à sortir avec sa taille d’I mètre 96, cigarette au bec, il lira son texte à 18H00, lequel est enregistré sur un disque.
Le disque est diffusé à 22 heures 00. Il sera peu entendu en France, mais rediffusé une bonne dizaine de fois. Le 22 juin, un autre discours de même type sera lui, conservé, et diffusé une heure avant de connaître les conditions de l’armistice qui vient d’être signé à Rethondes. La notion de déshonneur de la France n’est plus censurée, l’armistice venant d’être signé. La photo du général avec le micro de la BBC est du 22 juin.
Un seul enregistrement conservé de l’Appel du 18 juin par l’Armée suisse qui l’a enregistré et traduit en allemand, langue officielle de l’Armée helvète .Il faut donc le retraduire pour en savoir les termes précis, car le disque du 18 juin n’a pas été conservé et a resservi …
Outre l’Appel aux françaises et français disponibles, on retient cette expression : » La France a perdu une bataille, mais elle n’a pas perdu la guerre. »
Une reconstitution de l’Appel sera filmée le 2 Juillet pour les Actualités. Une affiche sera éditée le 5 août avec des variations du texte.
L’Appel, peu importe sa forme précise, débute et symbolise l’ensemble de la Résistance, au point d’être inscrit au Patrimoine Mondial de l’Humanité.
On pense aux marins de l’Ile de Sein, au Casablanca, aux troupes coloniales africaines, à la Croix de Lorraine suggérée par l’amiral Muselier mais déjà en tête du général qui a commandé en Lorraine… Bref, le début d’une épopée devenue mythique, qui a pu bercer notre enfance.
Cette date sera toute le guerre affichée par le chef des Français Libres: le 18 juin 1941, via la BBC de Londres, il s’adressera au Comité National Français d’Egypte.
Le 18 juin 1942, depuis l’Albert Hall de Londres,il fait alors écho e la victoire de BIR HAKEIM du 11 juin.. Il affirme indispensable que les Alliés se solidarisent, y compris avec l’URSS agressée au même moment, alors que Churchill souhaite qu’il garde des distances pour ne pas le gêner en diplomatie…
Le 18 juin 1943, il parle à Alger. Débarrassé de Darlan, il se trouve devoir affronter Giraud. Il gagne des points malgré les embûches de Roosevelt et encore de Churchill.
Le 18 juin 1944 : il parle à Alger, devant l’Assemblée Consultative. Il s’oppose à la décision américaine d’installer l’AMGOT, dont le « O » veut dire « occupé, soit une forme d’occupation de la France par les USA.
De Gaulle ne peut accepter que son pays soit traité comme un adversaire des Alliés, alors que la France, c’était les FFL et les FFI et pas Vichy !
De Gaulle veut l’installation d’un gouvernement provisoire qui dirigera la France librement.
Le 18 juin est la date de fondation de la France Libre et par conséquent de la Résistance, même cela peut prêter à discussion… Sa commémoration demeure, tant que le souvenir de cette guerre mondiale durera…
. DB